Voyons donc comment mettre en œuvre une machine virtuelle Windows 11 avec VirtualBox.

La licence d’utilisation

De base, une licence d’utilisation Windows coûte relativement cher. Mais en avez-vous réellement besoin ? En effet, Microsoft permet l’utilisation de Windows Famille sans licence modulo quelques fonctionnalités restreintes, mais également l’utilisation de Windows Enterprise avec une licence d’évaluation gratuite de 90 jours. Et lorsque la licence d’évaluation expire, ça reste utilisable. Pour une utilisation ponctuelle dans une VM c’est sans doute largement suffisant.

Si vous tenez à obtenir une licence, sachez qu’il en existe deux types, les licences « retail » et les licences « EOM ». Les licences retail sont transférables à une autre machine, contrairement aux licences EOM qui sont moins cher mais liées au matériel et donc non-transférables.

Vous pouvez acheter une licence directement sur le site de Microsoft ou chez un revendeur officiel, mais c’est assez onéreux. Il existe des revendeurs spécialisés qui bénéficient de tarifs de gros pour revendre des licences authentiques, mais là on entre dans la zone grise. En revanche, n’ayez aucune confiance dans les revendeurs sur des marketplace qui vous proposent des licences à des prix totalement délirant. Si quelqu’un vous propose pour moins de 10 € une licence qui vaut normalement 145 € (Famille) ou 259 € (Enterprise), ce n’est a-priori pas un bon plan : il y a anguille sous roche, voir carrément baleine sous gravillon.

Historiquement il était possible pour les étudiant·e en informatique d’obtenir des licences gratuites valables à vie grâce au partenariat entre Microsoft et les facultés et écoles d’informatique. De mon temps ça s’appelait la MSDN Academic Alliance, mais depuis ça a été plusieurs fois renommé. Actuellement il s’agit du programme Microsoft Azure Dev Tools for Teaching mais, comme son nom l’indique, les licences Windows a vie ont malheureusement l’air d’avoir été remplacées par des offres cloud.

ISO ou VM pré-faite ?

Au cas où vous ne le sauriez pas, Microsoft met gratuitement à disposition des machines virtuelles Windows 11 destinées au développement. Il s’agit d’une version d’évaluation dont la licence est valable jusqu’à une date fixe donnée et où les outils de développement les plus communs sont pré-installés. Il suffit donc de télécharger une nouvelle VM une fois la date d’expiration passée. En général il y a plusieurs mois entre chaque renouvellement. Mais au final une licence expirée n’empêche pas le bon fonctionnement, donc si on a la flemme ça va, c’est pas grave.

Seulement voilà, si vous voyez cet article de blog c’est qu’il y a un problème avec ces VM. Je les ai utilisé pendant longtemps et aimerai les utiliser à nouveau, mais malheureusement depuis l’année dernière un problème technique empêche ces VM de fonctionner. Microsoft a donc suspendu les téléchargement le 23 octobre 2024. Ça fait donc maintenant presque un an que c’est temporairement suspendu, j’ai donc comme l’impression que Microsoft n’a qu’assez peu de volonté de distribuer à nouveau ces VM.

Nous en sommes donc rendu à télécharger une image ISO de Windows et à manuellement l’installer dans une machine virtuelle. Heureusement, nous pouvons compter sur Microsoft pour fournir les images ISO officielles de Windows 11 Famille. Il existes également des pages dédiées aux versions d’évaluation gratuites (90 jours) de Windows 10 Enterprise et Windows 11 Enterprise.

Installation avec un compte local

Niveau cloudification Microsoft a fait sacrément fort en imposant l’utilisation d’un compte Microsoft (ou d’un compte d’entreprise pour la version Entreprise) pour les comptes d’utilisateur Windows, et ce dès l’installation. Pour ma part je ne souhaite pas avoir un tel compte, surtout pour une VM technique, alors on va essayer de passer outre.

Il existe énormément de techniques pour installer Windows 11 avec un compte local, et vu que Microsoft en désactive certaines en fonction des builds je ne vais pas essayer de toutes les lister. À la place je vais vous en présenter une seule que j’ai utilisé et testé à la fois sur les builds actuels de Windows 11 Famille et Entreprise. Si elle ne fonctionne pas chez vous je vous invite à taper dans un moteur de recherche « how to install windows 11 with local account » et à sélectionner la méthode appropriée à votre situation.

Dans le reste de cet article j’utiliserai l’ISO de la version d’évaluation de Windows 11 Enterprise. Les versions Famille et Entreprise étant très similaires, les différences risquent surtout d’arriver en cas de publication par Microsoft de builds plus récents.

Dans VirtualBox, créons donc une nouvelle VM et sélectionnons l’image ISO. Si vous n’avez pas de clé d’activation, décochez l’option d’installation automatisée (unattended installation). Pour ma part j’aime bien augmenter la RAM à 8192 MB et l’espace disque à 120 GB, mais faites comme vous le souhaitez.

Démarrons donc la VM. La première partie de l’installation est assez inintéressante alors je ne m’y attarderai pas. Sachez juste que si vous pensez être bloqué à l’étape de sélection de la partition sur laquelle installer l’OS, il suffit d’attendre quelques secondes.

Après environ 2 redémarrages, vous allez arriver à un écran vous demandant si le pays est le bon. C’est ici que prennent place la plupart des astuces pour forcer l’installation avec un compte local, donc n’allez pas plus avant d’avoir réalisé certaines actions.

Ouvrons donc un terminal avec le raccourci clavier Maj + F10 afin d’entrer la commande OOBE\BYPASSNRO. Cette commande fait redémarrer la machine et vous vous retrouvez à nouveau devant le même écran. Il est temps de couper le réseau, et pour ça ouvrons à nouveau un terminal et entrons la commande ipconfig /release ou tout simplement déconnectons depuis le menu de VirtualBox.

Maintenant que le réseau est déconnecté nous pouvons reprendre l’installation et cliquer sur « je n’ai pas internet » afin d’accéder à l’interface de création du compte local. Une fois cette étape terminée, il ne nous reste plus qu’à répondre « non » à toutes les fonctionnalités de tracking de Microsoft.

Félicitation, vous avez une VM Windows 11. Si vous aviez coupé le réseau depuis VirtualBox il est temps de le remettre.

VirtualBox Guest Additions

Maintenant que tout fonctionne a peu près, la première chose à faire est d’installer les additions invité afin d’avoir accès à certaines fonctionnalités fort utiles. Si vous avez l’écran bloqué en 1024 × 768, c’est ça qui va permettre d’accéder aux résolutions plus élevées.

Pour ça rien de plus simple, depuis VirtualBox il suffit de les insérer. Ce sera vu par Windows comme un CD-ROM. Ouvrez donc l’explorateur afin d’exécuter VBoxWindowsAdditions.exe. Si vous ne voyez pas les extensions de noms de fichiers, n’hésitez pas à activer l’option pour les afficher.

Une fois l’installation terminée, redémarrez. Vous pouvez désormais changer la résolution de l’écran et plein d’autres choses. Personnellement j’ai l’habitude de définir un dossier partagé afin de pouvoir échanger des documents entre l’hôte et la VM.

Ce dossier est vu comme un lecteur réseau mais rassurez-vous, tout est bien en local avec l’hôte. Et tant qu’on y est, autant épingler le dossier partagé à l’accès rapide afin de le retrouver plus facilement.

Un navigateur web

Avant de passer au grand nettoyage, il est préférable d’installer un navigateur web digne de ce nom. En effet, contrairement à une idée assez répandue, il est possible de désinstaller Edge. Afin d’éviter d’avoir à télécharger l’installateur depuis l’hôte et à utiliser le dossier partagé, utilisons Edge une première fois afin de télécharger le navigateur web qui lui succédera.

Ici je suis parti sur LibreWolf qui n’est rien d’autre qu’un Firefox patché afin de le personnaliser et d’enlever des fonctionnalités indésirables. Mais c’est votre VM, vous choisissez le navigateur que vous souhaitez.

Notons que pour des raisons de « SaYkUriTay » Edge bloque les téléchargements d’exécutables qu’il ne connaît pas. Il faut donc ruser de clicks pour lui dire de conserver l’exécutable.

De base LibreWolf intègre l’extension uBlock Origin, cependant il est recommandé d’aller dans la configuration de cette dernière afin d’activer les filtres régionaux. Ceci aidera notamment à mieux bloquer les pubs des sites francophones.

Désinfecter, récurer, rincer

Il est temps de faire le ménage dans notre VM. Commençons par la bare des tâches. À grand coup de click droits on détache tous les trucs dont on ne se sert pas et, à l’inverse, on attache tout ce dont on va avoir besoin. Personnellement je ne garde que 3 applications attachées : PowerShell, l’explorateur Windows et LibreWolf. Attention à ne pas confondre Powershell et l’invite de commande, les deux existent et sont très similaires.

Continuons avec un click droit sur la bare des tâches afin d’accéder à ses paramètres. De là nous pouvons désactiver la zone de recherche, la vue tâches, les widgets et OneDrive. J’en ai aussi profité pour la centrer à gauche mais là c’est vraiment juste une question de goûts.

Attaquons nous maintenant aux applications. Depuis le menu démarrer, accédons aux paramètres, puis dans le menu de gauche à « applications » et enfin « applications installées ». De là, tel Attila le Hun, massacrez toutes les applications indésirables en cliquant sur « … » puis « désinstaller ».

Chez moi, la liste des victimes est la suivante :

Assistance rapide

Assistant de jeu

Connexion Bureau à distance

Copilot

Enregistreur vocal

Extensions de support web

Hub de commentaires

Météo

Microsoft 365 (Office)

Microsoft Clipchamp

Microsoft Edge

Microsoft news: les actualités à ne pas manquer

Microsoft OneDrive

Microsoft Recherche Bing

Microsoft Teams

Microsoft To Do

Outlook

Pense-bêtes

Power Automate

Start Experiences App

Xbox

Xbox Live

Ces applications ne seront ni pleurées ni regrettées. Normalement au moins une application nécessitera un redémarrage pour être totalement désinstallée, alors allons-y.

Dans le menu de gauche, sélectionnons à présent « confidentialité et sécurité » puis, dans « autorisations de windows », « général ». Désactivons tout ce qu’il est possible de désactiver.

À nouveau dans « confidentialité et sécurité » et « autorisations de windows », rendons nous dans « diagnostiques et commentaires » afin d’encore une fois tout désactiver et surtout de passer la « fréquence des commentaires » à « jamais ».

Toujours dans « confidentialité et sécurité » et « autorisations de windows », allons maintenant dans « historique des activités ». C’est là que l’on peut désactiver le tristement célèbre logiciel d’espionnage Microsoft Recall et en supprimer l’historique.

À partir de là, on a désactivé la plupart des éléments foireux. Vous pouvez cependant passer en revue les autres menus de « confidentialité et sécurité ».

Terminons par le menu démarrer : ouvrons le et faisons un click droit afin d’ouvrir ses paramètres et ainsi désactiver tout ce qui est indésirable. Ensuite, à grands coups de click droit, désépinglons tout les trucs inutiles.

Sur certaines versions de Windows 11, notamment la Famille, il est probable que vous ayez besoin de manuellement éditer le registre afin de désactiver la recherche Bing dans le menu de démarrage. Si c’est le cas, je vous laisse faire une recherche afin de trouver un tutoriel vous indiquant comment procéder.

Faire briller

Retournons dans les paramètres afin d’aller dans le menu de personnalisation. De là, il est important d’aller personnaliser l’écran de verrouillage afin de désactiver les anecdotes et astuces. Profitez-en pour mettre une belle image qui changera du truc dégueu par défaut.

C’est donc le moment de parler de la différence entre une version d’évaluation de Windows et une version normale non-activée. Au delà du texte qui s’affiche ou non en bas à droite du bureau, une version non-activée a certaines fonctionnalités de personnalisation bloquées. Contrairement aux versions d’évaluation, vous ne pouvez ainsi théoriquement pas changer de fond d’écran. Je dis théoriquement car seul l’accès depuis le menu des paramètres est bloqué. Si vous téléchargez une image, depuis l’explorateur de fichiers vous pouvez faire un click droit dessus puis « choisir comme arrière plan de bureau ». Je trouve ça caractéristique de la manière dont Microsoft gère la sécurité.

Le mot de la fin

Et voilà, vous avez une VM Windows 11 propre. C’est quand même fou que l’on doive passer autant de temps à dépolluer un système d’exploitation que l’on vient tout juste d’installer. D’ailleurs si jamais j’ai loupé quelque chose, n’hésitez pas à me faire signe sur les réseaux sociaux ou par email.

C’est dommage que ce soit aussi hostile à la protection de la vie privée car Microsoft a fait de gros efforts sur l’interface utilisateur de son OS. Les onglets sur l’explorateur de fichiers et le terminal ainsi que le panneau de configuration bien rangé et facilement compréhensible c’est très appréciable. Ça change de Windows 10 qui était beaucoup plus fouillis avec des bouts de paramètres par-ci par-là et des fonctionnalités de base manquantes.

Terminons par mes recommandations d’applications de base à installer. Pour ma part, j’aime bien toujours avoir Adobe Acrobat Reader qui est, soyons honnêtes, une des seules application capable de correctement afficher et vérifier les signatures numériques sur les fichiers PDF. Ensuite, Notepad++ est pour moi, à défaut de vim, un incontournable pour l’éditions de fichiers texte sous Windows.

Lien de l'article copie : https://rodolphe.breard.tf/article/vm-windows-11/